Lyon, le 27 novembre 2013
Démission d’Osez le féminisme 69 du Conseil d’Administration
de la Lesbian and Gay Pride de Lyon
Notre association est profondément en désaccord avec les méthodes utilisées par la Lesbian and Gay Pride de Lyon qui instrumentalise la lutte contre le VIH afin de promouvoir son discours pro-prostitution, au détriment des personnes prostituées et au détriment du processus démocratique de prise de décision collective interne au Conseil d’Administration.
Nous doutons de la pertinence de rester membre du Conseil d’Administration de la Lesbian and Gay Pride de Lyon (LGP) après avoir découvert un message pro-prostitution de la LGP à l’occasion de la journée « Action Sida Lyon ». En tant que membre du CA, nous souhaitons mettre en lumière certaines pratiques et propos que nous jugeons inadmissibles.
Les propos, nous les reproduisons ci-dessous :
« Pour les travailleuses ou travailleurs du sexe, la précarité est renforcée par des conditions d’exercice rendues de plus en plus difficiles par les mesures répressives qui les visent depuis une dizaine d’années. Le travail de prévention et d’accès aux soins mené par les associations s’en trouve fortement perturbé. Ainsi, la pénalisation des clients envisagée par le gouvernement actuel aurait des conséquences sanitaires et sociales désastreuses. Elle accentuerait la précarisation des personnes prostituées en les forçant à davantage de clandestinité et en les éloignant des associations, des structures de soins, de dépistage et de prévention. »
Sans remettre en question tout le message, nous ne pouvons passer sous silence ce paragraphe, glissé subrepticement au milieu de l’argumentaire de la LGP, qui entre en totale contradiction avec l’un des combats de notre association, combat au coeur de la vision de la société que nous souhaitons construire collectivement : l’abolition du système prostitueur.
L’utilisation du vocabulaire « travailleuses du sexe » pour désigner les femmes prostituées –oui, en majorité, ce sont des femmes- participe à l’entreprise de légitimation de cette activité basée sur la vente et la marchandisation des corps des femmes et des enfants dans une société ultralibérale où la logique de clientélisme et du tout consommable règne, c’est œuvrer en faveur d’une légalisation de la prostitution et faire fi des constats et situations tragiques résultant d’un tel système dans les pays qui le pratiquent.
Souligner les prétendus risques sanitaires, c’est faire le jeu des réglementaristes en adoptant la même posture hypocrite.
Devons-nous rappeler que c’est le système prostitueur qui expose les personnes prostituées à des violences, que c’est l’activité prostitutionnelle qui est une violence? C’est la décorporalisation inhérente à cette activité qui est un obstacle majeur à l’accès aux soins. Légaliser le système prostitueur n’éradiquera ni les contaminations ni la précarisation subies par les personnes prostituées. La LGP de Lyon instrumentalise la question des risques sanitaires, occulte la réalité des femmes prostituées et des troubles de stress post-traumatique observés chez les personnes sorties du système prostitueur. La LGP de Lyon omet également de citer le rapport de l’IGAS qui met en lumière la responsabilité des clients prostitueurs comme auteurs de violences et vecteurs de contaminations aux IST et VIH.
La pénalisation des clients ne s’inscrit nullement dans une logique répressive mais dans une logique de responsabilisation individuelle et collective afin d’inverser la charge qui pèse aujourd’hui sur les femmes prostituées.
Pour notre part, nous saluons la proposition de loi abolitionniste qui est un premier pas vers une société plus humaniste, qui ne permettra plus qu’on achète le consentement des individus les plus précaires et les plus vulnérables avec de l’argent, qui libérera la sexualité du système marchand. Nous soutenons cette proposition de loi qui va abroger le délit de racolage, qui promet d’aider les personnes prostituées qui le souhaitent à sortir du système prostitueur et de régulariser la grande majorité qui est sans papiers. La lutte contre la traite et le proxénétisme sera renforcée et l’accent sera mis sur l’éducation dès le plus jeune âge au respect et à l’égalité femmes-hommes. Enfin, des moyens financiers devraient être investis dans la protection et la prise en charge sociale et sanitaire des personnes prostituées.
Nous terminons sur la méthode antidémocratique de la LGP qui a publié son Communiqué sans passer par la consultation de tou-te-s les membres du CA.
Le CA n’est-il pas une structure de prises de décisions démocratique et collective dans laquelle le consensus s’exprime au travers d’un vote? Tout communiqué, et en particulier en ces temps de débats houleux, ne doit-il pas faire l’objet d’une consultation de tou-te-s les membres?
En tant qu’association féministe, Selon le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), le taux de mortalité est 2 fois plus important pour les femmes qui se prostituent dans la rue.
Ce qui est nouveau dans le Rapport 2012 de l’IGAS c’est la prise en compte de la responsabilité des clients prostitueurs, comme auteurs de violences et vecteurs de contamination aux IST dont le VIH.
Il s’agit bel et bien d’une prise de conscience importante car jusqu’alors les politiques de santé publiques faisaient porter la responsabilité sur les seules personnes prostituées, relayées en cela par les associations de santé communautaires qui pensent bien opportunément que normaliser la prostitution peut suffire à régler le problème de la contamination au VIH-SIDA.
Reconnaitre enfin que le client est considéré comme responsable de l’échec de la politique de réduction des risques est un progrès.nSelon le rapport de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), le taux de mortalité est 2 fois plus important pour les femmes qui se prostituent dans la rue.
Ce qui est nouveau dans le Rapport 2012 de l’IGAS c’est la prise en compte de la responsabilité des clients prostitueurs, comme auteurs de violences et vecteurs de contamination aux IST dont le VIH.
Il s’agit bel et bien d’une prise de conscience importante car jusqu’alors les politiques de santé publiques faisaient porter la responsabilité sur les seules personnes prostituées, relayées en cela par les associations de santé communautaires qui pensent bien opportunément que normaliser la prostitution peut suffire à régler le problème de la contamination au VIH-SIDA.
Reconnaitre enfin que le client est considéré comme responsable de l’échec de la politique de réduction des risques est un progrès.ous ne pouvons accepter cette position, en contradiction avec notre projet de société et qui, encore une fois, a été décidée sans nous consulter au préalable.
Aussi, c’est à regret que nous quittons le CA de la LGP de Lyon.
« Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de les acheter. » Françoise Héritier
Démission d’Osez le féminisme 69 du Conseil d’Administration
de la Lesbian and Gay Pride de Lyon
Notre association est profondément en désaccord avec les méthodes utilisées par la Lesbian
and Gay Pride de Lyon qui instrumentalise la lutte contre le VIH afin de promouvoir son
discours pro-prostitution, au détriment des personnes prostituées et au détriment du processus
démocratique de prise de décision collective interne au Conseil d’Administration.
Nous doutons de la pertinence de rester membre du Conseil d’Administration de la Lesbian
and Gay Pride de Lyon (LGP) après avoir découvert un message pro-prostitution de la LGP à
l’occasion de la journée « Action Sida Lyon ». En tant que membre du CA, nous souhaitons
mettre en lumière certaines pratiques et propos que nous jugeons inadmissibles.
Les propos, nous les reproduisons ci-dessous :
« Pour les travailleuses ou travailleurs du sexe, la précarité est renforcée par des conditions
d’exercice rendues de plus en plus difficiles par les mesures répressives qui les visent depuis
une dizaine d’années. Le travail de prévention et d’accès aux soins mené par les associations
s’en trouve fortement perturbé. Ainsi, la pénalisation des clients envisagée par le
gouvernement actuel aurait des conséquences sanitaires et sociales désastreuses. Elle
accentuerait la précarisation des personnes prostituées en les forçant à davantage de
clandestinité et en les éloignant des associations, des structures de soins, de dépistage et de
prévention. »
Sans remettre en question tout le message, nous ne pouvons passer sous silence ce
paragraphe, glissé subrepticement au milieu de l’argumentaire de la LGP, qui entre en totale
contradiction avec l’un des combats de notre association, combat au coeur de la vision de la
société que nous souhaitons construire collectivement : l’abolition du système prostitueur.
L’utilisation du vocabulaire « travailleuses du sexe » pour désigner les femmes prostituées –
oui, en majorité, ce sont des femmes- participe à l’entreprise de légitimation de cette activité
basée sur la vente et la marchandisation des corps des femmes et des enfants dans une société
ultralibérale où la logique de clientélisme et du tout consommable règne, c’est oeuvrer en
faveur d’une légalisation de la prostitution et faire fi des constats et situations tragiques
résultant d’un tel système dans les pays qui le pratiquent.
Souligner les prétendus risques sanitaires, c’est faire le jeu des réglementaristes en adoptant la
même posture hypocrite.
Devons-nous rappeler que c’est le système prostitueur qui expose les personnes prostituées
à des violences, que c’est l’activité prostitutionnelle qui est une violence? C’est la
décorporalisation inhérente à cette activité qui est un obstacle majeur à l’accès aux soins.
Légaliser le système prostitueur n’éradiquera ni les contaminations ni la précarisation subies
par les personnes prostituées. La LGP de Lyon instrumentalise la question des risques
sanitaires, occulte la réalité des femmes prostituées et des troubles de stress post-traumatique
observés chez les personnes sorties du système prostitueur. La LGP de Lyon omet également
de citer le rapport de l’IGAS qui met en lumière la responsabilité des clients prostitueurs
comme auteurs de violences et vecteurs de contaminations aux IST et VIH.
La pénalisation des clients ne s’inscrit nullement dans une logique répressive mais dans une
logique de responsabilisation individuelle et collective afin d’inverser la charge qui pèse
aujourd’hui sur les femmes prostituées.
Pour notre part, nous saluons la proposition de loi abolitionniste qui est un premier pas vers
une société plus humaniste, qui ne permettra plus qu’on achète le consentement des individus
les plus précaires et les plus vulnérables avec de l’argent, qui libérera la sexualité du système
marchand. Nous soutenons cette proposition de loi qui va abroger le délit de racolage, qui
promet d’aider les personnes prostituées qui le souhaitent à sortir du système prostitueur et de
régulariser la grande majorité qui est sans papiers. La lutte contre la traite et le proxénétisme
sera renforcée et l’accent sera mis sur l’éducation dès le plus jeune âge au respect et à l’égalité
femmes-hommes. Enfin, des moyens financiers devraient être investis dans la protection et la
prise en charge sociale et sanitaire des personnes prostituées.
Nous terminons sur la méthode antidémocratique de la LGP qui a publié son Communiqué
sans passer par la consultation de tou-te-s les membres du CA.
Le CA n’est-il pas une structure de prises de décisions démocratique et collective dans
laquelle le consensus s’exprime au travers d’un vote? Tout communiqué, et en particulier en
ces temps de débats houleux, ne doit-il pas faire l’objet d’une consultation de tou-te-s les
membres?
En tant qu’association féministe, nous ne pouvons accepter cette position, en contradiction
avec notre projet de société et qui, encore une fois, a été décidée sans nous consulter au
préalable.
Aussi, c’est à regret que nous quittons le CA de la LGP de Lyon.
« Dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont le droit de
les acheter. » Françoise Héritier
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